15 septembre 2017
Le vedettariat
« Bien avant d’arriver en Afrique, j’étais conscient que, par ma couleur de peau, je ne passerais pas inaperçu. Je savais qu’on allait m’interpeller, m’appeler yovo, me siffler, me demander de l’argent, etc. J’étais prêt à ça, du moins je le croyais, » partage Thomas Bernatchez, stagiaire en Sciences infirmières au Bénin.
Plusieurs personnes qui vont au Bénin, face à l’attention constante qu’ils reçoivent de la population, vivent une certaine impression de vedettariat. La curiosité en voyant un étranger est vraiment notable, surtout chez les enfants. Pour attirer notre attention, nous saluer, jouer, ils n’hésiteront pas à crier « YOVO», terme pour désigner un(e) étranger(ère) au Bénin, ou à chanter : « Yovo Yovo bonsoir, ça va bien, Merci ! »
Vivre cette attention continue nous permet d’imaginer le quotidien des vedettes. Thomas, qui a passé neuf semaines dans un village béninois, tente de décrire ce sentiment de gloire qui nous est attribué : « Dès la première journée au village, ça a commencé. C’est surtout les jeunes, très enjoués, qui nous interpellaient, demandaient comment ça va, voulaient savoir notre nom, nous toucher et nous serrer la main. Nous répondions à leur demande, leur parlions, les saluions. On trouvait ça bien drôle, au début. »
Lorsqu’on regarde la télévision béninoise, les images qu’on voit de l’occident sont aussi extrêmes que celles qu’on reçoit de l’Afrique ici. Les téléromans mexicains et brésiliens, où tout le monde vit dans le luxe, possèdent des villas, des voitures, du personnel, etc. sont plus ou moins représentatives du quotidien québécois. Nous sommes bien malgré nous associés à ce mode de vie et cette image d’extrême richesse. Alors, le vedettariat est au cœur du quotidien des étrangers qui séjournent en Afrique de l’ouest. Si on fait le même exercice au niveau des images que les médias occidentaux diffusent sur l’Afrique, on peut avoir la même impression. On croit que seulement la pauvreté, la malnutrition et la guerre règnent sur le continent, alors qu’en réalité, il y a beaucoup plus que cela!
Thomas poursuit : «Tout cela était très épuisant pour l’esprit. Malgré tout, je me suis remis en contexte et ça m’a aidé à passer par-dessus. Je me suis souvenu de l’image que je m’étais faite de l’Afrique avant de débuter la préparation au stage. Effectivement, les médias m’avaient inculqué des fausses croyances concernant le continent africain. Je croyais que partout c’était la misère, que les gens n’étaient pas instruits, etc. Dans le même ordre d’idée, les médias africains semblent véhiculer des fausses croyances concernant l’Homme blanc; ils sont parfaits, ils ont tous que sa fortune est incroyable, ils peuvent amener n’importe qui dans son pays, etc. Lorsque les gens du village voient un homme blanc, ils sont donc impressionnés. Ils ont espoir en une vie meilleure. Selon leur perspective, c’est tout à fait naturel.»
Il faut dire aussi que le système collectif et communautaire est beaucoup plus fort au Bénin que dans bien des pays occidentaux. Les Béninois se sollicitent aussi entre eux et la responsabilité du bien être de chacun repose sur les épaules de tous. Plus notre situation financière et professionnelle est bonne, plus les responsabilités familiales augmentent. Par exemple, on peut confier son enfant à son frère pour qu’il ait une meilleure éducation, lui demander de payer pour les médicaments d’une personne malade, lui faire financer des petits commerces, etc, lorsque sa situation est mieux que la sienne. C’est un système d’entraide très important dans les pays de cette région de l’Afrique.
Le vedettariat n’est pas seulement lié à l’image que l’ont représente mais aussi à un désir sincère de nous connaître. Rien de mieux pour connaître une réalité que de s’en imprégner. Si la rencontre des cultures vous interpelle, vous pouvez consulter les opportunités de stages internationaux: https://horizoncosmopolite.com/projets/stages-internationaux/
Odabo !! (Au revoir en Toffin)
