14 mai 2017
Avec la fête des mères qui approche, comme chaque année, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée spéciale pour ma mère évidemment, mais aussi pour toutes mes mères adoptives. En effet, depuis 10 ans j’ai le bonheur de découvrir le monde bien loin des grandes attractions touristiques mais très près des habitants des pays où je séjourne. La vie en famille d’accueil fait de moi une fille de plusieurs mamans. J’ai une mère mexicaine-Gina, une mère malienne-Madame Coulibaly, une mère sénégalaise-Mame Diarra, une mère béninoise-Épiphanie, une mère haïtienne-Nakia et finalement, deux mères costariciennes-Ana et Aïmara. Si différentes les unes des autres, elles ont pourtant plusieurs points en commun… Elles ont accepté de m’accueillir comme leur propre fille et ont prit soin de moi jour et nuit, lorsque j’étais bien loin de chez moi. Elles m’ont fait sentir chez moi dans leur maison, m’ont nommée « sœur » de leurs enfants, m’ont donné un espace au sein de la famille. Elles m’ont nourrie, offert un toit, conseillée et protégée. Elles m’ont appris qu’être une femme et une mère à l’extérieur du Québec donne parfois d’énormes responsabilités. J’ai vue certaines de mes mères puiser l’eau au puits pour que toute la famille se lave, pour faire la lessive, pour préparer la nourriture et pour nettoyer la maison. J’ai aussi vu mes mamans se lever tôt pour s’assurer que toutes la famille aurait un bon petit-déjeuner. J’ai vu certaines mamans aller travailler à l’extérieur, mais gérer la maison de A à Z dès leur retour du travail. J’ai vu des femmes seules, d’autres en couple, des femmes éduquées et d’autres moins scolarisées, des femmes qui comme moi aspirent à connaître le monde, mais le contemplent davantage à travers leur écran de télévision à cause de l’inégalité de la valeur et de la reconnaissance de nos passeports. Elles ont toutes passé plusieurs heures à préparer la nourriture qui remplissait mon ventre mais aussi mon cœur de gratitude envers la complexité de la cuisson sur le charbon, ou la complexité des outils limités pour faire la cuisine. Mes nombreuses mères m’ont acceptée inconditionnellement, avec tout le bagage avec lequel j’arrivais, sans jugement, ni malice. Je suis énormément touchée par la confiance qu’elles m’ont donnée en me parlant de leurs joies et de leurs peines. À toutes ces mamans que j’ai appris à aimer profondément, aujourd’hui, je leur souhaite bonne fête des mères de leur fille du Canada.
Geneviève Lefebvre
HorizonCosmopolite